Les furies de Boras

Anders Fager

Mirobole

  • Conseillé par
    1 mars 2014

    Recueil de nouvelles fantastiques, d'épouvante, peuplées de monstres, sorcières, extra-terrestres, hommes et femmes apparemment comme vous et moi et qui finalement cachent un terrible secret souvent venu du fond des âges.
    -"Les furies de Boras" est la nouvelle qui ouvre le livre, dans laquelle des jeunes filles quittent une boîte de nuit pour se rendre dans la forêt continuer la fête, une fête très particulière avec des codes et des rôles bien définis.
    - "Le vœu de l'homme brisé" : lorsque Bjarne voit les premiers soldats monter vers sa ferme, il décide de la quitter avec sa belle-mère et ses deux jeunes filles. Une nouvelle terrible, qui se déroule en des temps anciens, parmi mes deux préférées du bouquin, qui joue avec les contes et légendes suédois.

    - "Joue avec Liam" : un jeune garçon à l'imagination débordante nourrit en cachette des adultes un denonychus (un dinosaure, évidemment !)que lui seul voit
    - "Trois semaines de bonheur" : une jeune femme vit dans des conditions particulières très proches de celles des poissons qu'elle élève et vend
    - "Un point sur Västerbron" : cent cinquante et une personnes convergent vers un pont dans l'idée de se suicider en se jetant dans l'eau (l'autre nouvelle que je préfère)
    - "Encore ! Plus fort !" : deux amants cherchent à atteindre le point culminant de leur sexualité, espérant une Expérience de Mort Imminente
    - "L'escalier de service" : Elvira Wallin souffre de cauchemars ; sur les conseils de sa mère, elle consulte le docteur Lohrmann, qui dans ces années de début du XX° siècle envisage une thérapie nouvelle : écouter en prenant des notes les patients couchés sur un divan.
    - "Le bourreau blond" : où l'on retrouve l'une des jeunes filles de la première nouvelle appelée à effectuer une mission.
    Entre chaque nouvelle, un petit texte, appelé Fragment et suivi d'un numéro dans lesquels reviennent certains personnages des nouvelles, telles Sofie des Furies de Boras qui revient dans deux ou trois Fragments et dans l'ultime nouvelle.
    Je ne suis a priori pas amateur du genre horrifique et/ou fantastique et pourtant, force m'est de constater que ce bouquin est fort réussi. Les nouvelles sont efficaces même lorsqu'on ne sait pas où nous emmène l'auteur, ce qui fut le cas très régulièrement avec moi, peu connaisseur du genre. La narration est rapide, sèche, beaucoup de phrases courtes, des descriptions a minima mais néanmoins très visuelles ; Un Point sur Västerbron en est un bel exemple tant on pourrait avoir l'impression parfois de lire un rapport officiel mais qu'on ne peut lâcher, attiré par cet étrange phénomène de suicide collectif entre des gens qui n'ont rien en commun. Pas mal de détachement assez aisé grâce au côté irréel des histoires et grâce aussi à un humour noir, parfois dur mais qui tire quand même des sourires : "Alexandra offre des friandises. Des petits paquets noirs au goût de goudron. De la marchandise très haut de gamme. Un jour, Sofie en avait fait goûter une bonne dose au rottweiler d'un toxico. Le journal "L'Expressen" avait consacré deux pages à l'affaire, sans jamais préciser que le "clébard" avait essayé de baiser son maître tout en lui dévorant le visage."(p. 15)
    À chaque fois, même lorsque l'histoire me plaît un peu moins, Anders Fager réussit quand même à m'intéresser à l'ambiance, le contexte qu'il installe et j'aime bien cette idée que l'on n'est pas vraiment dans un recueil de nouvelles puisqu'elles sont plus ou moins liées entre elles, par des détails, des personnages communs et qu'on n'est pas non plus dans un roman ou alors un roman avec des chapitres qui n'auraient rien à y faire, totalement déconnectés du reste de l'histoire. Si vous aimez sortir des sentiers battus, si vous aimez ne pas lire toujours la même chose, laissez-vous tenter par ce recueil, publié par les éditions Mirobole, qui ont un catalogue très atypique et alléchant.