Noir de Polars

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fondu de polars et de romans policiers classiques sans débauche d'hémoglobine.

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22 novembre 2011

A lire malgré ses défauts

Bien que certains aient cru bon de voir dans ce livre un rappel de l’affaire Clearstream, l’avertissement de l’éditeur vient nous rappeler qu’il n’en est rien. Et je le crois d’autant plus que le livre ne possède qu’un des fils d’Ariane qui pourrait être le faire pointer en parallèle avec cette affaire.
Il s’agit d’un thriller politique, ma catégorie préférée qu’on se le dise ! Il s’agit également d’un roman à clés, dont l’intrigue bien maîtrisée nous ramène aux personnages principaux suivants : le Président de la République, dit « Ramsès » évoque François Mitterrand et son amour de l’Egypte. Rebière, le ministre de l’Intérieur, le « pachyderme des corons » s’identifie évidemment à Pierre Mauroy (et non Sarkozy comme je l’ai lu sous la plume d’un confrère qui n’a sans doute pas lu le livre qu’il critiquait, et paf prends donc ça mon gars).

De Vaslin et sa demeure périgourdine rappellent François de Grossouvre et son château nivernais. Michèle Billetot, la directrice de cabinet de Rebière a pour nom dans la vraie vie Marie-France Garaud (il s’agit du portrait le plus vitriolé). Parini, le mafieux au mieux avec la Banque Rhodanienne, c’est bien sûr Giancarlo Paretti qui s’illustra dans le scandale Crédit Lyonnais / MGM. Le Premier ministre, Neyrac, c’est sans doute un archi-connu, en « ac » aussi. L’identité de certains autres, dont un chef de cabinet nommé Ledouchy me laisse encore à l’état interrogatif.
Le « héros » de l’affaire, un commissaire féminin dénommée Le Gall est aussi inconsistante qu’improbable… Passons, car je ne veux pas dévaloriser ce bouquin, au contraire.
Il s’agit du conte d’une « manip » politique assez truculent, qui mêle mitterandie et chiraquie en une unité de temps volontaire, dans laquelle l’auteur exhale son mépris voire sa haine des politiques et de leurs féaux, les membres des cabinets et les sans scrupules des « services ». Certains ont prétendu que Marker était le pseudo de Bernard Tapie, j’y crois peu, chercherais plutôt dans le landerneau journalistique accrédité Matignon…
C’est bien fait, on pourrait « presque » y croire, et si je ne vois pas vraiment le rapport avec l’affaire Clearstream, j’imagine très bien la disparition programmée (oh pardon ! Le suicide, faut-il dire) de François de Grossouvre. J’écris « presque », car il s’agit d’un pur roman mêlant ensemble plusieurs affaires célèbres. L’auteur ayant visiblement construit à-partir d’elles, n’attendez donc aucune révélation (ce que les services de presse de l’éditeur ont pourtant tenté d’accréditer, ces coquins…).
Le style est assez inégal. On trouve de purs moments de bonheur nés de la juxtaposition improbable de mots, mais aussi un peu trop de sécheresse dans la narration. Il y manque aussi la dose d’humour distancié d’un Jean-Patrick Manchette, d’un Jean-Bernard Pouy, d’un Raoul Saint-Luc ou d’un Albert Simonin, humour froid et caustique qui nous aide aussi à nous attendrir sur ce qui n’est que de la bouillie d’homme. Marker, c’est noir, noir, noir… Un peu trop « noir sans espoir », et c’est bien dommage.

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11 novembre 2011

Succombez à la magie des mots, mais oubliez l'intrigue

Critique
Si vous espérez d’autres développements, passez votre chemin, car toute l’histoire tient dans le quatrième de couverture. Et encore ! Le résumé de l’éditeur est nettement plus palpitant que le roman lui-même. Un polar sans suspense, à l’intrigue très improbable, un peu confuse et en tous cas mal ficelée.
Et pourtant, on se trouvera bien à lire ce livre. L’ambiance de ce cabaret miteux lillois est très bien rendue, on s’y croit tout de suite. Mais la quintessence de ce petit bouquin tient dans la plume de Michel Quint, qui aligne les mots comme pas un. Je dis qu’il aligne, car son écriture est loin d’être aisée à suivre : les paragraphes sont rares, les phrases interminables et les ponctuations ne font que de timides apparitions à l’exception de la virgule. On se laisse prendre dans le dédale de phrases, éprouvant du plaisir à mâcher ces mots. Peu importe après tout que la trame ne retienne que peu l’attention. Une curiosité littéraire, en somme.

Extrait
Elle suit Nelly au hasard de ses soifs, de ses envies de grignotis, elle demande l’impression quand on est nue devant des gens, est-ce qu’on a honte, est-ce qu’on est fière de faire de l’effet… ? Nelly raconte, elle regarde les yeux du dadais pas si niais qu’il en a l’air, elle ne ment pas, elle dit les rebuffades, la réputation de fille facile, de pute, les plaisirs simples du public qui applaudit, lui dit qu’elle est belle, et puis les nécessités financières, comment on en arrive à vivre à l’envers, la nuit, à faire l’effort pour conserver l’estime de soi, écrire « artiste de variétés » sur sa carte d’identité, pas danseuse nue, que l’amour d’un homme est une illusion tant qu’elle exercera mais que le métier ne dure pas toujours.

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27 octobre 2011

Réveillez pas un malfaisant qui dort

Quand on lit le dernier roman d’un ou d’une archi-connu(e), faut parfois se méfier. Amélie NOTHOMB et son « Tuer le père » par exemple… Peut mieux faire !
Alors là, c’est un POUY, le maître incontestable et toujours vivant du polar actuel. Avis tout personnel, comme de juste, et si je dis « vivant », c’est à cause de José Giovanni ou de Simenon. Donc méfiance… Et si POUY allait tomber dans la facilité comme NOTHOMB ? Eh bien, il ne faut surtout pas vous méfier ! Jean-Bernard POUY est toujours bien le POUY qu’on vénère, avec son style assez inimitable et ses histoires particulièrement bien construites. RES-PECT, Jean-Bernard !
Addictif, le bouquin ! Pas facile de s’en extraire une fois commencé. En plus, l’histoire se déroule dans le milieu des « Services », ce que j’affectionne tout particulièrement (pas un hasard si j’ai critiqué « Mort d’un pourri » de Raf VALLET ou « Les cahiers du ministre » de SAINT-LUC, c’est que le polar mêlé au monde politique, j’adore ça).
Celui-ci, c’est du Pouy, pas autre chose : le style est allègre, c’est le mot qui vient, sorte de dialecte de parigot montmartrois qu’aurait une maîtrise de lettres. Raymond Queneau est présent à chaque page et Pierre Daninos n’est pas loin. Pierre Dac non plus. L’histoire est tortueuse à souhait, fondante comme un vieux calendar qu’exhalerait ses vacheries aux consommateurs d’un vieux café qu’aurait encore son zinc vieux, l’histoire d’un terroriste qui prenait une petite retraite et d’un poulet des « services » qui joue les apprentis Iznogoud .
Juste un infime bémol : si J-B voulait bien laisser un espace entre deux dialogues tenus par des protagonistes différents, pour qu’on sache que la scène vient de changer, ce serait sympa.
Lisez ça, vous m’en direz des nouvelles. Bon appétit !

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11 mai 2011

Voilà un au moins un auteur qui n'y va pas de main morte avec le "politiquement correct" qui nous lasse (pour rester polis) depuis des années!
C'est un premier roman: ce n'est donc pas parfait, même si c'est très bien écrit. Mais ça déménage que c'en est du bonheur. L'auteur dit par la bouche du commissaire un tas de trucs qu'on pense mais qu'on n'a semble-t-il plus le droit d'exprimer.
Moi, j'ai bien respiré, je me suis marré, l'intrigue (d'ailleurs excellente mais moins originale que le style) passe au second plan.
Soyons maintenant plus factuels (description tirée du 4ème de couverture).


"Commissaire Garon" se veut être une série dont voici le thème:
"Le commissaire divisionnaire Garon dirige la brigade des affaires générales de Lyon, brigade un peu particulière chargée des dossiers mettant en cause des personnalités en vue. Suivez-le pataugeant dans la fange peu ragoûtante des affaires dites « spéciales » et plongeant dans les marigots souvent inavouables de la politique et de la finance".
Le premier ouvrage de la série a pour nom "La jeune chair", dont voici le synopsis:
"Le directeur général d'une banque lyonnaise est retrouvé abattu dans son bureau, place Bellecour, trois balles au niveau du plexus dessinant un triangle parfait. L'enquête s'annonçant immédiatement comme « sensible » est alors confiée au commissaire Garon ; initiée à Lyon, elle le conduira bien loin de nos frontières, jusqu'à Hong Kong et Macao.
Meurtre sur contrat, chantage, trafics ignobles… Rien ne sera épargné au commissaire Garon qui découvrira progressivement la face noire de personnages pourtant au-dessus de tout soupçon".
Ce n'est pas le polar du siècle, il y a des imperfections, les personnages gagneraient à être épaissis, mais le style est alerte et fluide: on passe en finale un bon moment sans se casser les méninges. J'aurais dû noter 3/5, mais comme c'est le premier d'une série, je note favorable: 4/5.