Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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23 décembre 2016

Cette même 4ème continue en ces termes : "Ça c'est un roman !" s'exclame le lecteur en refermant le livre." Bon, à croire que je ne suis pas lecteur. Je m'y ennuie ferme, Les deux héros, Alexandre et Liova son ami sont pâles, inodores et sans saveur. Catherine, dite Cosette, n'est pas plus intéressante. C’est mou et rien ne me retient dans ce livre. L'ensemble traîne en longueur même lorsqu'il se passe quelque chose.

L’écriture est à la limite du désagréable, de longues phrases assez malhabiles (voyez par exemple celle du résumé du roman, citée en tout début de mon article) avec parfois des essais de vocabulaire un peu recherché qui finalement font tâche. L’âme slave a déserté ce bouquin, ainsi que le souffle, à moins que ça ne soit celui d’un asthmatique.

18,00
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23 décembre 2016

Choisir une bande dessinée, ce n'est pas toujours facile. Cependant, lorsque le nom de Christian de Metter est sur la couverture, plus de choix possible, c'est celle-ci qu'il faut, bon j'exagère un brin, il y a pas mal d'autres noms qui font le même effet. J'ai aimé ses adaptations de Shutter Island et de Au revoir là-haut (je précise que je n'ai pas lu les romans originaux).

Pour cette histoire, l'auteur de BD est au scenario et au dessin. Cent dix pages de sépia, à part un peu de rouge pour le sang (on est dans le Far West). Comment dire que cet ouvrage est excellent ? Ah si j'ai trouvé : cet ouvrage est excellent ! Tout m'emporte, les couleurs, les dessins, précis, centrés sur les personnages : expressions du visage, du corps, et secondairement sur les paysages. La veuve Mackinley est sans doute désespérée mais pas au point d'abandonner tout espoir de retrouver sa fille, c'est cette seule idée qui la guide alliée à celle de protéger son fils ; d'autres personnages soufflent le chaud et le froid, sont-ils du bon ou du mauvais côté ? Tout cela est dessiné et dit. Ne nous attardons sur la psychologie de tel ou tel, restons sur l'histoire et ceux qui l'incarnent, cela suffit au bonheur du lecteur.

Scenario solide, dessins léchés, beaux personnages, couleur quasi unique. Un très bel album-western.

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23 décembre 2016

Rangé dans les rayons de la bibliothèque, un Jean Echenoz que je n'ai pas lu, donc ni une ni deux, aucune hésitation, je le prends et m'en retourne à la maison, le poser sur la table de chevet, puis laisser quelques jours passer avant de l'ouvrir... faire durer les préliminaires, l'attente. Après cette mise en condition, le plaisir n'en sera qu'augmenté pensé-je. En fait, je n'en sais rien, peut-être aurais-je eu la même sensation si je m'étais jeté dès mon arrivée à la maison dans ce roman ? Parce que, comme d'habitude avec les romans de Jean Echenoz, je me suis régalé.

Une première partie sur la vie de pianiste de Max très détaillée, minutieuse et tellement bien écrite. Un personnage dont on sent les failles, les peurs, les angoisses et les manques bien qu'il soit assez pâle subissant plus qu'il ne vit sa vie. Bernie, son aide de vie semble plus dense, plus intéressant. De belles images naissent sous la plume de l'auteur : "Mais qu'est-ce que c'est que ces fleurs, s'énerva-t-il, tu sais bien que je ne supporte pas, bazarde-moi tout ça. Oui oui, dit Bernie qui ramassa prestement les bouquets puis fila surchargé comme un corbillard pendant que Max tombait sur sa chaise, devant une console désormais surmontée d'un miroir au fond duquel, dans l'ombre, Parisy s'épongeait le cou à l'aide d'un Kleenex en boule." (p.18/19)

Une deuxième partie qui commence très bien, traîne un tout petit peu en son mitan puis redémarre et fait la place à une troisième et ultime partie réjouissante. Très équilibré, Au piano est un roman qui se lit le sourire en coin, qui détaille chaque paysage, chaque personnage et chaque situation. Je ne peux m'étendre que sur le vrai bonheur qu'il y a à lire les phrases, les paragraphes de Jean Echenoz, parce que je ne veux rien dire de cette histoire pour en laisser la surprise aux futurs lecteurs qui seraient passés par le blog. Les joies des longues phrases virgulées, dans lesquelles plusieurs idées cohabitent, s'entrechoquent et se mêlent. Il faut aimer. Echenoz, c'est avant tout un style, une exigence littéraire, un beau travail avec la langue.

D'aucuns pourront dire que les rebondissements n'en sont pas, que les personnages manquent de profondeur, ... Peut-être. Mais lire Echenoz c'est aussi lire ce qu'il n'a pas écrit mais qu'il sous-entend, lire entre ses lignes. Pas toujours évident, c'est la raison pour laquelle il faut prendre son temps et se préparer en retardant de quelques jours la lecture dès lors qu'on l'a entre les mains.

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23 décembre 2016

Il me souvient d'avoir lu Le capitaine Fracasse, enfant, mais dans une version de 200 pages. Ce livre édité dans la collection La bibliothèque des Classiques d'Archipoche en compte 700. Certes, l'ouvrage est de petit format, mais je me rends compte que je n'avais lu qu'une version condensée. Ce qui est très compréhensible, car Théophile Gautier décrit, décrit et décrit encore. On ne rencontre le premier humain qu'après avoir lu une vingtaine de pages décrivant le château et les alentours. Puis, à chaque fois qu'un personnage entre en scène, l'auteur fait de lui un portrait détaillé, de pied en cap, vêtements inclus. Pareil pour tous les lieux traversés, si bien que l'on peut se faire une idée très précise du voyage de Sigognac et de ses rencontres. Cela peut parfois paraître long, mais la langue est belle et les mots tombés en désuétude voire totalement oubliés ajoutent un charme suranné oh combien irrésistible : "... le gros homme, étendu à jambes rebindaines...", "... un bélître parvenu, concussionnaire et simoniaque...", "Le beau Léandre, pensant toujours à la châtelaine, s'adonisait de son mieux...", ... Voilà un très court échantillon des joyeusetés que l'on trouve dans l'écriture de Théophile Gautier. Pour le reste, eh bien, nous sommes dans un roman d'aventures historique, tous les ingrédients sont là : le jeune homme désargenté, la belle jeune fille, l'amour, la trahison, les bagarres, ... un roman qui fera les belles heures du cinéma dit de cape et d'épée (je me souviens de la version de Pierre Gaspard-Huit avec Jean Marais), il y eut aussi des séries animées, et même du théâtre. Je ne suis pas sûr que ce roman fera les délices des adolescents de maintenant, parce que sans doute pas assez actif, nerveux, mais il fera sans nul doute celui de leurs parents-ex-adolescents qui en plus de trouver une histoire romanesque à souhait, emplie des codes du genre auront un réel plaisir de lecture dans les descriptions, le vocabulaire et les envolées lyriques du Pédant, l'un des personnages de la troupe de comédiens qui ne peut s'exprimer que dans l'outrance et l'emphase.

Très belle idée de réédition. Très belle collection, même si les -très- petits caractères peuvent gêner la lecture des ex-adolescents dont la vue baisse.

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23 décembre 2016

Alexandre Balthazar Laurent Grimod de la Reynière, né en 1758 sera tour à tour et parfois simultanément homme de lettres, philosophe, avocat, épicier, duelliste, critique de théâtre et de littérature, gastronome. Né dans une famille de la bourgeoisie parisienne, riche, mal aimé de sa mère parce qu'infirme, sans main, il portera toute sa vie des prothèses recouvertes de gants blancs, il peinera à se faire reconnaître et multipliera les excentricités, les mystifications. Son père, Laurent renflouera toujours ses caisses souvent vides, et Balthazar profitera de la vie. Très tôt républicain, il passe la Révolution sans souci, sans vraiment se préoccuper de la terreur bien que son père, en tant que fermier général aurait pu être décapité -comme les autres fermiers généraux- s'il n'eût fait preuve de précocité en mourant juste avant.

C'est la vie de cet homme peu connu du grand public que Jean Haechler décide de raconter. Ami de Retif de la Bretonne, c'est souvent grâce à lui que le biographe a pu reconstituer le parcours de Grimod de la Reynière. Les premières parties concernant la jeunesse de Balthazar sont enlevées, parfois très drôles parce que très tôt le jeune homme fait parler de lui en explosant littéralement les codes de l'époque mors des réceptions que donnent ses parents, mais pas seulement : "Facétieux, il en rajoute, et pour s'amuser, il envoie à telle relation de sa mère, et de sa part, des poudres qui occasionnent des démangeaisons irrépressibles voire qui rougissent ou noircissent la peau, et de la part de son père des sucreries purgatives, des confitures à la coloquinte mélangée d'ingrédients narcotiques ou aphrodisiaques." (p.47) Puis Balthazar écrit sur le théâtre et la littérature en égratignant autant les acteurs que les auteurs voire les critiques : "Il ne faut pas s'imaginer que MM. les journalistes lisent tous les Ouvrages dont ils ont à rendre compte ; ce serait une erreur grossière. Copier fidèlement le Titre, parcourir la Préface, lire attentivement la Table..." (p.50)

Jean Haechler restitue agréablement et minutieusement autant que faire se peut la vie de Grimod de la Reynière, ses amours difficiles dues à son handicap et la misogynie qui en découle, voire plutôt sa misanthropie, car il dut aussi supporter les remarques blessantes d'hommes. Ses frasques qui pousseront ses parents à le faire voyager, ses amitiés avec Retif de la Bretonne, ... Tout cela est intéressant, son passage dans les années révolutionnaire itou, comment cet homme s'est passionné pour la critique culturelle en oubliant ou pour oublier la période violente.

Puis, l'auteur aborde la période Almanach des gourmands, publié en 1803 et les repas et festins auxquels Balthazar participe. C'est un peu plus long, mais l'on a plaisir à lire sa prose longuement citée, fine et délicate mais toujours vache lorsqu'il le faut.

Vous ne connaissez pas encore Alexandre Balthazar Laurent Grimod de la Reynière ? Jean Haechler vous le fait découvrir.