Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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11 février 2017

Pour profiter de ce roman il faut jouer le jeu et croire à cette transformation aussi étonnante est-elle. J'ai tenté, en tant que lecteur averti -attention, j'écris dans un blog, je sais de quoi que je cause quand même- de trouver des explications, des images, des interprétations qui feraient que cette histoire aborderaient des thèmes sérieux : la tolérance, l'acceptation de l'autre quelles que soient ses différences, le retour à une vie simple, etc, etc... Oui, j'ai cherché, eh bien j'a effectivement trouvé tout cela, et puis j'ai même lu des passages sur le bien-être des animaux dont on parle pas mal depuis un moment, mais en fait, je crois que chacun y trouvera ce qu'il veut y trouver. Pour ma part, plus j'avançais, plus je me disais que c'était simplement une histoire irréelle et fantastique, à la Marcel Aymé. Rien de plus, mais surtout rien de moins.

On retrouve toute la gentillesse et la tendresse de François Morel, tout son talent d'écriture fine et délicate. Il a l'art de décaler ses personnages, de construire un conte une fable à laquelle on ne peut croire mais en même temps, à laquelle on aimerait croire. Son roman est beau, poétique, peut plaider pour tout ce que j'ai écrit plus haut, mais peut être lu également comme une histoire simple avec des gens et des animaux simples.

Folio réédite Meuh ! dans la version présentée ici, avec des gravures de Christine Patry, mais il parut chez Denoël en 2015, il me semble même qu'il a été écrit et édité -chez Ramsay-Archimbaud- bien avant (je dirais courant des années 1990).

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11 février 2017

Recueil de nouvelles et d'interludes intitulés Fragments qui se recoupent tous. Des personnages des fragments viennent dans les nouvelles et vice-versa et certains personnages secondaires d'une nouvelle ont le rôle principal dans une suivante et re-vice-versa. Le tout forme une sorte de roman indescriptible, un joyeux mélange des genres original.

- Le chef d'œuvre de Mademoiselle Witt : My Witt est une artiste trash qui use de son corps pour ses expositions. La dernière en date se met bon nombre de personnes à dos puisqu'il s'agit d'art pornographique.

- Cérémonies : le personnel d'une maison de retraite et les résidents se regroupent au quatrième étage pour des séances rituelles on ne peut moins bizarres, héritées d'un autre temps.

- Quand la mort vint à Bodskär : lorsqu'une équipe de militaires surentraînés est exposée à des étrangetés, la réaction de chacun est parfois inattendue et démesurée.

- La reine en jaune : et revoici My Witt, internée, totalement incontrôlable qui tente justement de se ressaisir.

- Le voyage de Grand-mère : Zami et Janoch débutent un long voyage pour escorter Grand-mère. Un voyage étrange avec une grand-mère qui grogne et montre les crocs.

Sans oublier les Fragments qui séparent les nouvelles et qui en reprennent les différents protagonistes.

Lire Anders Fager n'est pas de tout repos. Je le savais puisque j'avais déjà lu Les furies de Borås. Bis repetita. Mêmes remarques et mêmes sensations dans ce nouvel opus. Il faut aimer le genre barré, décalé, allumé. Il faut ne pas avoir peur de lire du trash, du dévergondé, du violent et du dur. C’est tout cela l’univers de l’auteur. Et en même temps, ça peut être drôle. Mais ce sont surtout de belles réflexions sur divers sujets :

Qu’est-ce que l’art ? Jusqu’où aller en son nom ? La performance ou l’idée sont-elles déjà une œuvre artistique ?

Mais aussi : l’obéissance doit-elle mener jusqu’au pire ? Doit-on se rebeller lorsqu’on sait qu’un ordre nuit à autrui et finalement à soi ?

Ou encore : comment prendre soin des gens en difficulté, handicapés, internés, vieux ? La maltraitance dans les divers lieux d’accueil.

Il y a aussi des passages de pur irréalité, ou vécus comme tel par moi, car je dois bien avouer que parfois, j’étais perdu et ne comprenais pas trop ce que je lisais, sans avoir pourtant l’idée de passer des pages ou de fermer le livre et de le poser sans le finir. Car Anders Fager emporte le lecteur dans une foultitude de situations, dans son imagination plus que débordante, avec des personnages loufoques –ça c’est quand ils sont sympathiques-, inquiétants ou même franchement flippants.

Mirobole a la bonne idée de sélectionner les textes d’Anders Fager et de les mettre en page de très belle manière. J’aime beaucoup les liens entre les nouvelles et les Fragments, j’aime la façon dont tous les textes a priori indépendants se croisent et se succèdent. Une belle lecture pour se faire un peu peur et surtout pour changer des textes parfois un peu pâlots que l’on peut lire.

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11 février 2017

J'aime beaucoup Jean Teulé, j'aime l'entendre parler de ses livres et de ceux des autres, mais je dois bien dire que je n'avais jamais réussi à le lire totalement convaincu. Le magasin des suicides m'a déçu. Je, François Villon ne m'a pas transporté. A chaque fois quelque chose coince. J'ai bien failli me retrouver dans la même situation avec ce roman (basé sur des faits réels) : les débuts sont un peu naïfs, joliment, comme si Alain de Monéys était une sorte de Candide qui vivait dans un monde beau. Son arrivée dans le village de Hautefaye est belle, lui sur son alezan, les paysans lui parlant tous de bonne humeur. Les dialogues ne sont pas crédibles, personne ne parle ainsi : "Bonjour Etienne Campot. Ça va Jean ? (...) Qu'allez-vous donc faire à la frairie de la Saint-Roch avec ce boulonnais, les frères Campot ?" (p.13/14). On se croirait au théâtre lorsqu'un acteur fait exprès de mal jouer et de mal dire les répliques. Ça sonne faux, mais c'est sans doute pour donner beaucoup d'informations sur les relations entre la future victime et ses futurs bourreaux, sur l'ambiance du jour, sans être trop magistral.
Heureusement, ça ne dure pas et lorsque la violence s'installe, Jean Teulé reprend une écriture plus sèche et directe. Contrairement à sa manière de parler, même s'il n'élude rien, il n'use pas d'un vocabulaire argotique et reste sobre, ce qui rend son récit très visualisable et ne l'édulcore point. C'est dur, c'est fou, c'est inimaginable, c'est parfois à la limite de ce que peut endurer un lecteur surtout parce qu'il sait que le fait est avéré, que Alain de Monéys en est véritablement passé par là. On est donc face à la folie humaine aux débordements incontrôlés et incontrôlables, aux effets de masse, de foule, et même au-delà. Comment peut-on en arriver jusqu'à molester, frapper, torturer et brûler vif un homme ? Un ennemi on pourrait si ce n'est comprendre au moins entendre certaines raisons, mais un homme du coin aimé et respecté ?

Le roman commence comme une bluette, puis part dans des accès de violence inouïs. L’auteur parle de tous les protagonistes, de ceux qui veulent empêcher le massacre, de ceux qui ne voient plus rien que la personne à abattre et qui n’expliqueront jamais vraiment leur geste. Il joue avec son écriture nous promettant une belle histoire qui dérive très vite dans un déchaînement de violence décrit en phrases courtes, rapides, et dans un vocabulaire courant emmenant son lecteur au bord du dégoût mais aussi l’empêchant de lâcher son livre. Enfin, je pourrais dire que j’ai aimé un roman de Jean Teulé (merci Pierre –qui se reconnaîtra- pour ton prêt). Un livre qui m’a rappelé un autre, du même genre, Un juif pour l’exemple de Jacques Chessex, dur et beau en même temps.

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19 janvier 2017

Ce livre, écrit en 2008 est le premier de la série avec Daniel Magne et Lisa Heslin qui en compte aujourd'hui huit, le dernier sort ce mois-ci. Primitivement paru chez Les nouveaux auteurs, cette plate-forme qui permet aux lecteurs de découvrir des manuscrits et en fonction des retours de les publier ou non, c'est la toute jeune maison d'édition French pulp qui le réédite cette année, avec bonheur. C'est un polar pur qui ne s'attarde que peu sur un contexte particulier. La part belle est faite à l'enquête. Parlons tout de suite des choses qui fâchent avant de revenir au roman. Ce qui me gêne, ce sont des fautes de français, comme ce pléonasme "s'avérer exact" qui revient plusieurs fois et qui lorsqu'il ne s'avère pas exact, s'avère autre chose certes pas redondant mais assez lourd stylistiquement. En outre, je note à deux reprises la maladresse suivante -parce que je ne soupçonne pas l'auteur d'un quelconque racisme- qui fait état de la race noire : "Des Africains. Des Noirs eux aussi. (...) Il n'y avait pas tant d'hommes de sa race qui pratiquaient le tir à l'arc..." (p.343). Je me permets de rappeler ici qu'il n'y a qu'une seule race humaine et que la couleur de peau et l'origine ethnique ne sont que des différences mineures qui ne font pas de nous des gens de races différentes. Désolé les cons, euh pardon les racistes -ah encore un pléonasme.

Bon cet aparté clos, revenons à ce gros roman de 500 pages, format poche. S'il est centré sur l'intrigue et l'enquête et ne développe pas assez un contexte ou même les personnages, seul Daniel Magne bénéficie d'une description étoffée, les autres passent en second plan sans vraiment qu'on se souvienne d'eux, je me dis que c'est un premier tome qui installe l'équipe et que les suivants doivent nous en apprendre davantage. 500 pages disais-je de pur suspense, qui ne m'ont jamais paru longues. Jacques Saussey construit lentement son enquête, elle prend son temps, celui de parler des lieux, de la profession de la première victime et s'intéresse -même trop succinctement, comme dit plus haut- à chaque intervenant. Au fur et à mesure de l'avancée des enquêteurs, les raisons du meurtre semblent s'obscurcir, sauf pour le lecteur qui en sait un peu plus que les policiers, par des incursions dans l'intimité de certains protagonistes importants que les policiers ne connaissent pas encore. Patiemment, Daniel Magne met les pièces qu'il découvre dans des tiroirs et au fur et à mesure qu'il en ferme un, il en ouvre un autre qui le mène dans une direction insoupçonnée : entre les affaires politico-financières, l'extrême droite très liée aux précédentes, les compromissions, les services rendus ; cette enquête à tiroirs donc, est bourrée de rebondissements et de ramifications nombreuses poussant les enquêteurs loin de France.

Lorsque l'on croit l'enquête est finie, il reste encore presque cent pages à lire et l'on se demande bien ce que va dire l'auteur, c'est sans compter sur son obsession à fermer tous les tiroirs qu'il a ouverts, ce qu'il fera de main de maître, nous laissant avec des enquêteurs fatigués mais parvenus au bout qui reviendront donc pour d'autres aventures, que je suivrais très volontiers dans l'ordre.

Tempête en juin

Folio

8,20
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19 janvier 2017

Irène Némirovsky est morte en déportation en 1942. Ecrivain, elle avait consigné dans des carnets ce roman qu'elle voulait en cinq volumes "sur le vif". Elle n'y parviendra pas, arrêtée avant, seuls deux romans sortiront de ses carnets, publiés en 2004 uniquement, ses filles les ayant conservés sans les lire pendant cinquante ans. Son roman recevra de nombreux prix, sera traduit et récompensé un peu partout dans le monde.

Ceci étant dit, j'avoue une certaine déception. Le livre n'apporte rien de bien nouveau. Les histoires des différents protagonistes, on les a déjà vues ou lues. J'essaie bien de me dire qu'elles ont été écrites quasiment en direct et ça force mon respect, mais à part cet élément important, l'ensemble est assez plat et fade. Je ne sais ce qui tient du roman ou de l'adaptation BD, mais les personnages ne me semblent ni sympathiques ni profonds. On ne sait rien de leurs liens, de leurs relations, à peine esquissées, c'est le contexte qui domine. Pourtant Irène Némirovsky a pris des gens totalement différents vivant la même tragédie, mais évidemment pas de la même manière. Il y a matière à construire une histoire et des relations fortes entre les personnages, des questionnements, enfin bref, un roman choral avec de vraies personnalités aux parcours différents qui peuvent se croiser, s'opposer, se rencontrer voire se combattre. Rien de tout cela dans cette adaptation en roman graphique, chacun vit la guerre de son côté.

Sans doute faudrait-il juger cette bande dessinée sur l'ensemble, au moins sur la base des deux romans écrits et publiés mais je crois que seul le premier, a été adapté par Emmanuel Moynot pour le moment. Sans doute même faudrait-il parler -comme du roman- d'une petite partie d'une saga en cinq volumes et dont ce premier tome serait la présentation des lieux, du contexte et des personnages, avant d'entrer dans le vif du sujet. C'est donc muni de ces précautions qu'il faut lire mon humble chronique. Néanmoins, on a le droit d'être déçu par ce qui est présenté comme un roman inévitable, plutôt d'ailleurs par son adaptation graphique puisque je ne peux juger du roman que je n'ai pas lu.

Réédité chez Folio, Tempête en juin, se présente en un petit format qui cependant ne nuit pas à la qualité de lecture, une version poche pas chère pour vous faire une idée...