La Solidarité des vivants et le pardon, Conférence et entretiens, précédés de
EAN13
9791037015983
Éditeur
Hermann
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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La Solidarité des vivants et le pardon

Conférence et entretiens, précédés de "Derrida au Brésil" par Evando Nascimento

Hermann

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« Quand la notion d’imprescriptibilité est inscrite dans la loi, comme c’est
le cas en France depuis 1964 pour les crimes contre l’humanité, elle devient
ainsi, au-delà de la temporalité juridique et donc humaine, un concept
juridique. Celui-ci donne à entendre qu’aucune loi des hommes, dans le temps
des hommes, ne peut soustraire le criminel au jugement. Ce n’est pas le
contraire du droit de grâce, puisque le chef d’État peut encore gracier un
homme condamné pour crime contre l’humanité […]. L’imprescriptibilité a ceci
d’analogue avec le droit de grâce, avec la grâce dont elle paraît être le
contraire, que dans les deux cas l’ordre humain de la loi et le temps humain
du jugement sont débordés par une instance transcendante. Les hommes n’ont pas
le droit de soustraire ou de se soustraire au jugement, quel que soit le temps
écoulé après la faute. […] Mais comme l’ordre du prescriptible ou de
l’imprescriptible n’est pas celui du pardonnable ou de l’im-pardonnable, qui
eux n’ont plus rien à voir, en principe, avec le judiciaire ou le pénal, alors
cette hyperbole du droit fait signe néanmoins vers un pardon, à savoir un
excès dans l’excès, un supplément de transcendance (on peut tout en
condamnant, devant la cour de justice, pardonner l’impardonnable) ou bien vers
une réappropriation humanisante, une ré-immanentisation de la logique du
pardon. » J. Derrida
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