Thelma

Certains ont des amis imaginaires ; d’autres, des tyrans intérieurs. Celui de
Thelma s’appelle l’Entraîneur. Il l’oblige à compter les calories et lui
impose une discipline de fer. Soumise à sa loi, la lycéenne épuise son
entourage et flirte avec l’abîme. Mais une issue se dessine : du marathon ou
de la séduction de son professeur de sport, quel projet déraisonnable saura la
tirer des griffes de l’Entraîneur ? Combative et ironique, Thelma tâche de
s’inventer un chemin parmi des adultes aussi désorientés que leurs cadets. Ce
roman initiatique électrisé par la personnalité de Thelma nous emporte dans
les tourments de la jeunesse, sa désinvolture et son furieux désir d’en
découdre avec la vie. Une comédie dramatique drôle et sensible, menée tambour
battant par une nouvelle plume à découvrir. Isolée du monde par une muraille
invisible, Thelma cherche une porte d’entrée dans la vraie vie. Il lui faudra
surmonter les clichés et ses propres préjugés, s’émanciper des bonnes volontés
qui l’entourent pour accepter peu à peu de s’ouvrir au monde et à ses risques
: vivre pleinement, c’est accepter la fragilité. Pour entrer de plain-pied
dans l’existence, il faut admettre l’imperfection – la sienne et celle des
autres. La construction du roman est à l’image de cet affranchissement
progressif : d’abord centré au plus près sur l’intériorité de la jeune fille,
à fleur de sensation, il s’ouvre au fil des chapitres à l’entourage de Thelma.
Le monde qui l’environne apparaît peu à peu dans sa complexité, et chaque
personnage laisse surgir ses failles, ses petits mensonges et ses compromis
touchants ou exaspérants. Loin du témoignage, refusant complaisance et
morbidité, ce roman donne à voir une trajectoire à l’issue lumineuse : il en
faut, de l’obstination et de l’ardeur, pour se frayer un chemin jusqu’à soi !
Au-delà du problème de l’anorexie, c’est toute la question de la quête de soi
dont Thelma offre une incarnation émouvante et mémorable. Ce roman initiatique
ne s’adresse donc pas particulièrement aux personnes concernées par cette
maladie – mais à toutes celles et ceux qui doutent, questionnent, et cherchent
leur place dans la vie ! Avec subtilité, humour et beaucoup d’empathie,
Caroline Bouffault réussit un tour de force : bâtir comme une comédie le récit
d’une adolescente obstinée, une battante qui envisage la vie comme une course
de fond. Son écriture limpide, piquante et juste saura toucher la génération
de ceux qui sont entrés depuis peu dans l’âge adulte aussi bien que celle de
leurs parents. Caroline Bouffault a exercé des fonctions commerciales et
marketing dans de grandes compagnies internationales ; désormais, elle se
consacre à l’écriture. Thelma est son premier roman. Ella a grandi au pied
des montagnes grenobloises et vécu un an à Hong-Kong. Aujourd’hui parisienne
(11e arrondissement), elle partage ses étés entre la Corse et un ancien
blockhaus au bord de l’Atlantique. Elle a un goût prononcé pour l’observation
d'animaux sauvages (de préférence en Afrique mais parfois juste à domicile
avec ses trois garçons) et peut se targuer d’un score plus qu’honorable au
marathon de New York (3h37).