Écrire la danse
EAN13
9782402403924
Éditeur
FeniXX réédition numérique (Presses universitaires Blaise Pascal)
Date de publication
Collection
Littératures
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Indisponible
Écrire la danse relève tout d’abord de la mimétique, de l’ekphrasis, de la
description : il s’agit de saisir et de reproduire la nature spécifique d’un
corps en mouvement, dans ses aspects extérieurs comme dans l’intimité d’un
vécu original. La complexité est rehaussée par le fait de la multiple variété
des formes de danse : danse populaire, danse de cour, ballet, bal, danse de
couple. La description précise du mouvement des danseurs se heurte à des
questions à la foi d’emplacement, d’espace, de temps, de rythme,
d’enchaînement que la notation écrite peine à saisir. Les systèmes de
notations qui permettraient de fixer sur le papier ces mouvements ont été
nombreux, mais fort peu satisfont réellement ; ils ne sont la plupart du temps
pertinents que pour une partie seulement de la danse qu’ils décomposent et
sont peu aptes à rendre l’ensemble du phénomène. La trace écrite n’est que la
stèle ou l’épitaphe d’un corps vivant ; elle ne produit que du mécanique,
incapable de restituer pleinement la vie circonstancielle du corps dansant.
Vouloir fixer sur le papier, à travers l’écriture, quelque chose qui se passe
dans l’espace, dans le temps, dans et par le corps, les mouvements exprimant
une projection expressive de l’intérieur vers l’extérieur, relève aussi d’une
rêverie faite dans la distance, dévoilant l’écriture comme réminiscence ou
volonté commémorative, acte de mémoire faisant retour pour une meilleure
compréhension ou analyse, bref, exhibant dans la distance ce qui a été,
l’écriture comme nostalgie, devant cette « tradition d’efforts singuliers et
éphémères, qui disparaîtront sans laisser aucune trace, impalpable poussière
de la plus périssable des architectures : la danse ». Mais l’écriture elle-
même, dans ses métaphores et sa pratique, animée du mouvement comme ronde de
la vie ou danse macabre, faisant place aussi bien au processus de civilisation
qu’aux pulsions érotiques, s’exhibe également comme danse, mouvement dansant
avec flexibilités, courbes, rythmes, vertiges, enchaînements, arabesques,
graphé sautillante, serpentine, onomatopéique. Avec Nietzsche, Mallarmé, ou la
chorégraphie derridienne, mais dans des sens différents, la danse est prise
comme modèle d’une écriture, non pas dans l’imitation de son anecdote, mais de
son essentiel mouvement.
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