Le Bleu de la nuit

Joan Didion

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    5 avril 2014

    En 2005, quelques mois après voir perdu son mari Joan Didion est confronté à nouveau à la mort. Peu de temps après s'être mariée Quintana sa fille adoptive âgée de 39 ans sera hospitalisée pour une double pneumonie. Son état de santé se dégrade, les jours se transforment en mois et Quintana décède.

    Même si "Les souvenirs, écrit-elle, c'est ce qu'on ne veut plus se rappeler", elle remonte le temps. De l'adoption de sa fille, de l'enfance de Quintana où elle se posait la question de savoir si elle était une bonne mère, de ce temps heureux passé en famille, du mariage de Quintana : autant de souvenirs lumineux et touchants. Sans jamais nous donner un sentiment de voyeurisme, elle consigne quitte à revenir sur ces moments de bonheur. Mais elle n'oublie pas ses appréhensions, ses doutes sur l'éducation qu'elle a donné à Quintana ( son mari scénariste et elle voyageaient beaucoup à travers les Etats-Unis accompagnés de Quintana). Elle nous parle de la vieillesse et de ce qu'elle sème dans son sillon, de la peur légitime de la malade, de la solitude sa nouvelle compagne.

    Avec une écriture dénuée d'artifices, sans jamais rendre sa fille parfaite ou chercher à déclencher chez le lecteur une forme d'apitoiement ( alors qu'en tant que parent voir partir son enfant avant soi est la chose la plus horrible et la plus affreuse qu'il soit), elle se tient au plus près de la vérité.
    Ce livre est beau, intensément beau et m'a profondément marquée.


  • Conseillé par
    20 mars 2013

    La condition humaine selon Joan Didion

    **" **Le bleu de la nuit c'est le contraire de l'agonie de la clarté, c'est aussi son avertissement**. " **C'est le récit d'une femme qui a vu mourir son mari, mourir sa fille, disparaître ses amis, qui se voit changer, vieillir, contrainte de renoncer à une certaine image d'elle même. La condition humaine dans ce qu'elle a de plus tragique. Pourquoi écrire lorsqu'on a tout perdu ? La littérature ne devient-elle pas vaine ? Peut-on exorciser la douleur? Dans " L'année de la pensée magique ", Joan Didion évoquait la perte de l'homme aimé et la maladie de sa fille. Depuis Quintana est morte. Sa mère recherche l'enfant puis la femme qu'elle fut, s'interroge sur son rôle maternel. Qu'aurait été la vie sans Quintana ? Elle incarne nos plus grandes angoisses, questionne l'amour filial, la maladie, la vieillesse, le chagrin, la solitude et le deuil. Cela n'était pas censé se passer comme ça. Et pourtant ... Joan Didion raconte l'effondrement sans la chute, le gouffre sans le vide. Les souvenirs l'accompagnent, ne la hantent pas, toujours " garder le cap ". Elle passe de l'ombre à la lumière, de la lumière à l'ombre sans vertige. Presque trop Lucide. " Il y a certains moments de ces premières années avec elle dont je garde un souvenir très clair. Ces moments très clairs, ressortent, reviennent, me parlent directement, par certains aspects me submergent de plaisir, par d'autres continuent de me briser le cœur. " C'est le récit d'une femme qui affronte le drame en écrivant, les mots deviennent les armes les plus efficaces et au fil des pages, des piliers. _ _Le livre d'une femme écrivain qui survit, avec la plus grande peur, celle de perdre ce qui lui reste.

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