Du sang sur la soie

Anne Perry

10-18

  • Conseillé par
    17 avril 2011

    Auteur prolifique de romans policiers qui se passent dans l’Angleterre Victorienne, Anne Perry sort de son contexte habituel pour son dernier roman. L’histoire se déroule au XIIIème siècle à Constantinople et de prime abord, il faut quelque temps pour s’acclimater à la situation de l’époque et comprendre tous les enjeux politiques et sociaux de ce siècle.
    Anne Perry prend le temps de nous instruire sur la civilisation byzantine, sa société raffinée et décadente à la fois, où le métissage de ses populations signe sa richesse mais aussi son déclin.

    Constantinople, siège de croisades, mainte fois pillée est le centre de bien des convoitises : pape, doge, prince, tous cherche à étendre leur pouvoir qu’il soit religieux ou politique, et Constantinople se retrouve engluée dans de nombreuses intrigues.
    Le récit est vraiment riche en détails, Anne Perry a fait un véritable travail de recherche sur l’époque et ça se sent. On se retrouve rapidement subjugué par le dynamisme de son intrigue et la force de ses personnages. Complots et vengeance sont les maîtres mots du récit.
    Du sang sur la soie est d’ailleurs bien plus un roman historique que policier. La narration est très ambitieuse et dense, autant dans son contexte que dans ses nombreux personnages. On s’y perd un peu. C’est d’ailleurs l’un des deux reproches que je ferai à ce roman : on finit par s’égarer dans ce dédale de détails et sur 780p, ça peut finir par agacer. Le deuxième reproche étant la redondance de questionnements que se posent les personnages (je n’ai pas compté le nombre de points d’interrogation dans le livre mais il doit y en avoir un paquet !). J’ai trouvé cette manie irritante.


  • Conseillé par
    3 novembre 2010

    De sang et de soie

    Anne Perry se lance dans un nouveau genre littéraire : fini les intrigues policières dans l'Angleterre du 18ème siècle et bienvenue à Byzance en l'an 1200 et des brouettes.

    Anna, jeune femme issue de bonne famille, décide de tout quitter pour comprendre ce qu'il est advenu de son frère qui a été contraint à l'exil. pour cela, elle se déguise en eunuque pour mener son enquête.
    Autant dire qu'il s'agit d'un virage à 180° pour l'auteur.
    Les personnages sont extrêmement nombreux (heureusement qu'il y a une liste en début de roman) et l'intrigue est difficile à comprendre.
    Certes Anne Perry s'est bien documentée sur le vie à Constantinople à cette époque (pour preuve la bibliographie de 2 pages), mais ce roman ne m'a pas convaincu. L'action évolue lentement, on ne s'attache pas aux personnages qui ne dévoilent pas le but de leurs intriguent. On reste perdu dans ce roman. Dommage...


  • Conseillé par
    3 novembre 2010

    Anne Perry est plutôt connue dans le monde des livres, pour avoir écrit beaucoup de romans policiers dont l'action se déroule à l'époque victorienne . Cette fois , elle prend son public par surprise et elle souhaite nous plonger dans la brillante Bysance et la belle Constantinople malgré le désastre de 1204 qui a laissé la ville exsangue.

    Nous suivons pas à pas Anna , qui se fera appeler Anastasius prenant ainsi la forme invisible d'un Eunuque dans la ville « Elle ressentait également cette douleur intérieure presque insoutenable, parce qu'à l'extérieur elle n'était ni homme ni femme, jsute un être solitaire que dieu seul ,peut-être,aimait -mais à qui Il n'avait pas encore pardonné » . Anna, qui cherche par tous les moyens en sa possession à résoudre une énigme , celle de l'emprisonnement à vie d'un homme dont elle est très proche et accusée à tort (pour elle) d'un crime.
    Grâce à son travail de médecin , elle va se rapprocher de l'élite de la cité jusqu'à l'empereur lui même ,et ainsi petit à petit , lever des secrets cachés sous cette soie d'apparat ; les intrigues omniprésentes vont se succéder, jusqu'à dévoiler le goût du sang et du pouvoir sur cette soie !

    Si votre désir à travers ce livre est de chercher le frisson du roman policier, vous serez déçus ; par contre si l'envie vous prend d'entreprendre un soyeux mais non moins mouvementé voyage aux portes de l'Orient , vous serez satisfait par ce grand roman écrit avec précision et volupté . Ce n'est donc pas un Thriller qu'il faut espérer là mais une belle promenade remplie d'érudition à travers Constantinople, Rome , Bysance et Jérusalem notamment !
    Une lecture ardue car complexe par le nombre de ces personnages et les allers retours dans un univers et une époque qui nous sont assez étrangers . Cela donne envie de se plonger dans quelques ouvrages encyclopédiques afin d'en savoir plus !
    Anne Perry écrit avec moults détails et laisse ses personnages réfléchir et discuter longuement notamment sur le pouvoir et la foi, ce qui peut parfois alourdir le propos( par exemple lors de longues descriptions des environs de l'action), mais on sent tout de même un gros travail de documentation. Ce travail aurait du peut-être être moins visible pour le lecteur ou alors appuyé par de la cartographie ou des illustrations de ces villes traversées car parfois on se perd en chemin.

    Je conseillerai ce livre aux férus de la grande Histoire , à ceux plus passionnés par la grande histoire romanesque de cet ouvrage mais aussi pour ceux qui veulent entreprendre un grand voyage à moindre coût ;-) ,sentir le souffle de ces villes éternelles et de leurs habitants !

    Deux petits passages que j'ai aimé parmi d'autres :

    «Ne vous fiez jamais à un faible, homme , femme..ou eunuque. Ne vous fiez pas à quelqu'un qui a besoin d'être approuvé. Quand les choses tourneront mal, il sera du côté du vainqueur, quoi qu'il défende.Et ne vous fiez pas à quelqu'un qui a besoin qu'on l'encense. Il achète l'approbation, quel qu'en soit le prix.
    Elle leva un long doigt maigre.
    -Par dessus tout, ne vous fiez pas à quelqu'un qui n'a pas d'autre valeur que le plaisir de n'être pas seul. Il vendra son âme pour ce qui ressemble à l'amour, quoi que ce soit en réalité »

    « (…) regarder les motifs changeants des courants et des vents , tandis que la marée balayait le détroit entre l'Occident et l'Orient. On aurait dit les coups de pinceau d'un artiste, un tableau mouvant , vivant, comme si un pouls battait. L'air était un souffle sur sa peau, chaud et pur, un peu salé.
    La ville l'entourait : les marchés et les tavernes pleins de disputes, de rires , de marchandages, de philosophie, de débats , et toujours, toujours les interminables discussions religieuses. Il l'aimait comme une nourriture somptueuse, mais en même temps elle le blessait (..) »