Aucune bête

Marin Ledun

Atelier in8

  • Conseillé par
    21 novembre 2019

    Vera est coureuse de 24h, une compétition, qui, comme son nom l'indique consiste à courir 24 heures durant sur une piste. Elle a gagné la dernière course à laquelle elle a participé mais a été privée de sa victoire et condamnée à huit années de suspension, à cause d'un médicament qu'elle prenait pour signer une rhino-pharyngite.

    De retour sur le circuit, elle veut battre son record personnel et tenter de ne pas finir trop loin de la favorite, l'Espagnole Michèle Colnago.

    Court roman paru dans l'excellente collection Polaroïd des éditions In8. Les textes y sont souvent efficaces, au plus justes et sobres. Marin Ledun le fait parfaitement avec cette histoire dans laquelle on vibre, même si comme moi l'on n'est pas sportif, pour la performance et la volonté de voir Vera parvenir à ses objectifs. Vingt-quatre heures pendant lesquelles l'esprit s'évade malgré le souhait de rester concentrée sur la foulée, le rythme, le souffle. Tour à tour Vera pensera à ses trois filles, à son couple, à son boulot harassant et peu épanouissant, aux collègues aux mains baladeuses. On vibre aussi parce qu'on sent bien que outre les pensées de Vera quelque chose va se produire, mais on ne sait ni quoi ni quand ni où ni qui ni comment.

    Le texte de Marin Ledun est une ode aux femmes et à leurs exploits, pas seulement sportifs, ceux aussi de la vie quotidienne pour élever les enfants, s'occuper de la maison, ... pour supporter le travail dans ce monde éminemment masculin. Si après avoir lu ce roman, vous voulez pousser la question, il y a quelques jours, j'ai parlé du travail de Heide Goettner Abendroth sur le matriarcat que je vous re-conseille fortement. Sans doute un peu plus écrasant ne serait-ce que par son poids, mais tout aussi roboratif. Deux manières différentes de parler des femmes.