Les quatre morts de Jean de Dieu

Andrée Chedid

Flammarion

  • Conseillé par
    10 décembre 2010

    Andrée Chédid, dans un style à la fois simple et riche, avec de nombreuses références à la mythologie, à l'histoire, à la religion dresse un portrait d'un homme droit, bon et légèrement arc-bouté sur ses principes. Ses filles -et son fils- d'ailleurs le lui reprocheront qui s'en iront loin de lui pour ne plus subir sa domination. Un homme du début du siècle dernier : un patriarche !

    Andrée Chédid aborde tellement de notions que j'ai peur d'en oublier ; Jean se pose des questions sur la religion, lui qui est devenu athée et qui s'oppose à sa femme et ses filles très croyantes et pratiquantes ; il s'interroge également sur le rôle de la poésie dans la société, le lien qu'elle a avec la science.

    L'auteure décrit aussi l'absence de l'être que l'on perd, la peur qu'a Isabelita, la femme de Jean, de se retrouver seule, sa hantise de ne plus pouvoir toucher le corps de son mari. Malgré les attentions dont elle fait l'objet de la part de ses enfants et petits-enfants, malgré ses croyances en une autre vie après la mort, Isabelita est dans une souffrance qu'elle ne peut maîtriser : elle ne s'imagine pas vieillir seule. Jean lui manque. Sa présence physique.

    La vieillesse est aussi un thème dont Andrée Chédid parle, très librement et très ouvertement. Elle qui, à quatre-vingt-dix ans continue à écrire admirablement et à raisonner d'une manière incroyable, elle nous donne à nous, ses lecteurs assidus d'environ la moitié de son âge -enfin, pour moi !-, une leçon de vie : "profitez de la vie" nous dit-elle. De chaque instant de votre vie. "Merci Madame Chédid, pour ce livre, mais aussi pour tous les autres" lui réponds-je, décidément toujours sous le charme de cette auteure, de son écriture et de son intelligence.

    Un très beau roman sur la vie, la vieillesse et sur nos questions existentielles. Un très beau roman dont le fil rouge est tout simplement l'amour.


  • Conseillé par
    16 juillet 2010

    Lire Andrée Chedid, c’est à coup sûr un voyage vers un pays particulier, celui qu’elle a fait sien, bâti œuvre après œuvre… une invitation à contempler une peinture, comme une fresque d’une certaine humanité entre celle qu’elle nous expose et celle qu’elle nous suggère à travers sa philosophie de la vie et sa poésie.

    Bien que ça soit un roman, nous vous y trompez pas, la poésie est présente en filigrane de ce roman de part le style et par des invites ici et là au sein de l’histoire même.

    Ici, elle nous peint le tableau de Jean de Dieu. Sur le chemin de sa destinée, il croise des personnages clé qui feront que sa vie bifurquera plus d’une fois, faisant à chaque étape le deuil de ses idéaux précédemment défendus…

    Au-delà des idéaux de Jean de Dieu, on apprécie la fresque familiale avec son épouse Isabeleta et tous les sujets qui se développent autour : la femme, l’amour, le couple, les enfants, mais aussi la maladie, comment l’appréhender, la mort, et l’après…

    C’est une jolie peinture humaine que nous livre une fois encore Andrée Chedid, toute en harmonie avec des thèmes bien que classiques, teintés tantôt d’humour tantôt de mélancolie… Un beau combat de la vie… des réflexions fort intéressantes sont abordées avec délicatesse et tellement réalistes qu’on devine l’auteure nous contant plus qu’elle nous écrit l’histoire d’une vie avec toutes ses interrogations qui culminent au bout du chemin…