La montagne rouge

Olivier Truc

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  • Conseillé par
    13 avril 2021

    Bienvenue à Funäsdalen, sa boutique d’antiquités, son salon de massages, ses soirées de bingo, sa toundra, ses éleveurs de rennes, ses bûcherons et sa montagne rouge. Rouge du sang des rennes que les Sami abattent sous une pluie torrentielle, mettant à jour un squelette sans crane. Pour Petrus Eriksson, le chef du sameby de Balva, cette macabre découverte pourrait être la solution au conflit qui oppose son clan aux bûcherons locaux qui contestent aux Sami leur droit coutumier à faire paître leurs rennes en abattant les arbres à lichen. Dater ce squelette au XVIIè siècle prouverait que les Sami étaient présents sur les lieux avant les Scandinaves et pourrait infléchir la décision du juge de la Cour suprême de Stockholm. Mais pour cela, trouver le crane est essentiel, les scientifiques sont formels. Et c’est là qu’intervient la police des rennes. Mutés dans ce territoire frontalier de la Norvège, Klemet et Nina sont chargés de mettre la main sur cette pièce manquante, plongeant ainsi dans le monde des collectionneurs d’ossements.

    La troisième enquête de la patrouille P9 est pour le moins atypique. Le mort est un squelette sans crane et il n’y a peut-être même pas eu meurtre…C’est donc plutôt à une quête anthropologique que se livrent Klemet et Nina qui tentent de découvrir ses origines ethniques et son époque. Ce faisant ils soulèvent un pan peu glorieux de l’Histoire de la Suède. Il est ici question de théorie des races, de mesures des cranes et de supériorité des blancs. Bien avant les nazis, les Suédois ont tenté de prouver que les Samis étaient des êtres inférieurs, des sauvages tout juste bons à vivre sous une tente au fin fond de la toundra. Le pire étant que ces méthodes archaïques n’ont pas été tout à fait abandonnées. De nos jours encore, aux réfugiés syriens, afghans ou chinois qui se disent mineurs, on mesure les os, on soupèse les testicules, pour vérifier leur âge réel…
    Tout cela est fort intéressant mais est-ce vraiment ce que l’on cherche quand on lit un polar ? La recherche du crane disparu piétine, traîne en longueur, se perd dans des répétitions sans fin et finit par perdre le lecteur qui s’ennuie à mourir. Klemet et Nina font pâle figure et les autres protagonistes sont caricaturaux. Les seuls à s’en tirer sont les deux Samis, Petrus Eriksson, le chef de clan, et son fils Viktor, le présent et l’avenir d’un mode de vie voué à disparaître.
    Instructif mais monotone. Une déception.


  • Conseillé par
    30 octobre 2017

    cours magistral

    J'ai retrouvé avec plaisir la police des Rennes, Klemet et Nina, dans le sud du grand Nord, cadre d'un conflit perpétuel pour le partage des terres entre les forestiers et les Samis. Des os humains anciens sont retrouvés dans un enclos. Est ce un meurtre ou une sépulture ? Où est le crâne manquant qui permettrait d'identifier le squelette ? L'intrigue est fort bien documentée, Olivier Truc n'hésite pas à nous faire une cours d'ethnologie et d'histoire afin de bien asseoir son roman. Et cela fonctionne plutôt bien. Mais, même si après Le Dernier Lapon et Le Détroit du Loup, ce roman-ci est selon moi le plus abouti, j'ai connu quelques réels moments d'ennui et d'agacement, peut-être liés à des longueurs ou au sentiment de ne pas être dans un polar mais dans un récit d'archéologues amateurs.