Paradis des femmes (le) poche

Ali Bécheur

Elyzad

  • Conseillé par
    17 août 2010

    un roman enchanteur

    Merci à Gwenaëlle pour le prêt de ce roman enchanteur, qui m'a fait irrésistiblement pensé à la chanson d'Alain Souchon : "Sous les jupes des filles" et à son refrain :"La faiblesse des hommes, elles savent / Que la seule chose qui tourne sur cette Terre / C'est leurs robes légères".

    Au début de cette autobiographie, l'auteur ne parvient plus à écrire, la source des mots semble tarie. La rencontre avec Luz, une comédienne, dont il tombe amoureux, lui redonne le goût des histoires et celle qu'il va lui conter, c'est la sienne. Il entraîne sa belle dans les ruelles du Tunis de son enfance, où l'uniformité ne règne pas encore comme à notre époque. Les nationalités, les cultures, les religions se côtoient de manière pacifique, sans pour autant se mélanger. Ali Bécheur décrit des épisodes avec beaucoup de truculence comme les parties de football où lui, le "fils à maman", d'une famille de notables, "s'encanaille" avec bonheur avec des garçons issus de milieux moins favorisés. Son verbe se fait beaucoup plus lyrique quand il évoque les femmes, toutes les femmes : la première : sa mère, ses tantes dont Ommi Khadouja, la merveilleuse raconteuse d'histoires et puis les jeunes filles aimées de loin jusqu'à son épouse et ses maîtresses. L'auteur trouve des mots somptueux pour évoquer l'amour charnel, d'une poésie puissante et magnétique.

    Ce livre m'aura ouvert les portes d'une ville extraordinaire, reconstituée par la magie de l'écriture. Ali Bécheur évoque les nuits où, petit garçon, il était blotti dans le lit près de Khadouja, à écouter les contes qu'elle déroulait pour lui comme un tapis magique sur lequel il s'évadait. Il écrit que ces moments lui ont fait comprendre que "Derrière le monde se cachait un autre monde, il suffisait d'en pousser la porte. Un monde surgi de mots égrenés, de silence, de nuit, une architecture impalpable plus réelle que la réalité même".

    C'est bien ainsi que je conçois la littérature. Pendant quelques soirées, je n'étais plus dans mon Trégor d'adoption mais dans le Tunis sensuel de l'auteur...

    J'ai découvert, grâce à ce prêt non seulement un auteur mais aussi les éditions elyzad, repérables à leurs couvertures colorées.


  • Conseillé par
    16 juin 2010

    Le narrateur, un écrivain un peu las de son métier, rencontre un jour Luz, une comédienne de passage dans son pays. Très vite épris, il commence à lui raconter son enfance dans ce pays qui n’existe plus que dans ses souvenirs. Et ce récit, mêlant amour neuf et photos sépia sera sans doute son dernier livre, le livre de sa vie.

    Dans une langue poétique, qui fait la part belle aux couleurs, aux odeurs et à l’enfance, Ali Bécheur évoque le Tunis des années 40/50. Une ville cosmopolite, où cohabitaient plusieurs religions, où l’on allait faire ses emplettes chez le Djerbien – l’épicier qui avait tout – ou chez le marchand de tissus, Monsieur Bismuth. L’enfant devenu adulte évoque les parties de foot et les histoires racontées le soir par la grand-mère, les journées à la plage, les premières amours…

    Ali Bécheur est peut-être, comme le dit la quatrième de couveture, « une voix essentielle dans la littérature tunisienne de langue française ». A mes yeux, c’est un grand écrivain tout court, de ceux qui font passer l’amour des mots avant tout. Le Paradis des femmes est un livre riche, foisonnant, dont chaque mot reste en bouche, comme un nectar suave. Certains chapitres m’ont rappelé l’Algérie décrite par Camus. Un très beau moment de lecture. Un livre où je plongerai de nouveau souvent. Je ne saurais trop vous en recommander la lecture!